Le concept de réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) a maintenant presque 30 ans d’âge, il a été formellement lancé en France et dans les pays francophones il y a une dizaine d’années. Il convient ici de louer les efforts des pionniers dont le Groupe GRACE qui a organisé des symposiums durant la dernière décennie afin d’expliquer et diffuser ce concept, a mis en place un site internet d’information, et un programme d’audit auquel participent près de 2000 professionnels de la santé dans 16 types de chirurgie. Les membres du Conseil d’Administration se sont bénévolement déplacés dans les établissements désireux d’initier des programmes de RAC, sans parler des dizaines de publications scientifiques de GRACE.
Ainsi sont posées les bases d’application des mesures de la RAC (ou implémentation) : protocoles, sources scientifiques de bon niveau de preuves, moyens d’implémentation, et audit des pratiques. Pourtant l’implémentation à grande échelle (à l’échelle des pays) ne semble pas optimale : une étude française médico-administrative à l’échelle nationale réalisée en 2019 a montré un taux d’implémentation ne dépassant pas 20% toutes chirurgies confondues (avec, néanmoins, des inégalités entre les spécialités, la chirurgie orthopédique étant la plus avancée).
Tous nos efforts doivent maintenant porter sur l’implémentation de la RAC. Le constat est fait, mais quelles sont les solutions ?
La situation française n’est pas unique. Une étude américaine sur 207 d’hôpitaux a montré que seuls 30% appliquaient des programmes RAC, de manière quasi-optimale [Cardell et al. Ann Surg 2021]. Une étude anglaise a montré que même si les soignants ne sont opposés à la RAC, ils trouvent que le processus reste complexe, que le travail d’équipe est un véritable défi, qu’une information des soignants est nécessaire ainsi l’implication d’un leader dans ce domaine [Cohen et al. BMJ Open 2019]. Cette étude a clairement montré où se trouvent les efforts à fournir pour améliorer l’implémentation de la RAC.
Réussir l’implémentation à grande échelle ne peut se concevoir sans l’implication de la tutelle. D’après l’étude nationale française citée plus haut, grâce à baisse de la durée de séjour et la réduction de la morbimortalité post-opératoire, la RAC apporterait un gain de productivité de près de 1300€ par patient, un accroissement de 1% d’implémentation au niveau national ferait gagner près de 4 millions €, un accroissement de 10% ferait gagner 37 millions €, et un accroissement de 50% ferait gagner 185 millions €. Une implémentation optimale est ainsi bénéfique pour les patients, l’hôpital et la société. Ces arguments devraient suffire à la tutelle pour mettre les moyens permettant d’améliorer l’implémentation avec un retour sur investissement dont doivent bénéficier les soignants qui s’engage dans ce processus d’amélioration de la qualité des soins.