L’hôtel patient, également appelé « hébergement temporaire non-médicalisé » (HTNM), créé dans les pays nordiques il y a plus de vingt ans [1], a fait l’objet d’une large expérimentation nationale en France depuis 2017 dans 41 établissements montrant sa faisabilité, son intérêt et son faible cout (80€/nuit) [2,3]. Cette pratique encouragée dès 2016 par la Haute Autorité de Santé [4] est une des mesures du Ségur de la Santé. Elle vient d’être consacrée par le législateur : loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 [5] et décret d’application [6]. L’ANAP vient de diffuser un guide pour mettre en place un hôtel hospitalier (bonnes pratiques et étapes clés) [7]. En France, le principe retenu est l’hébergement en chambre (avec possibilité d’accompagnant), sans soins directs, sauf urgence. Son séjour, avant ou après hospitalisation, est géré en lien avec les équipes soignantes. Cette approche a émergé de manière lente et inégale en France, mais le développement de la chirurgie ambulatoire (CA) et des programmes de réhabilitation améliorée (RAC) pourrait en accélérer le développement [8]. En effet, l’optimisation du chemin clinique passe par une sortie de l’hôpital dès que le patient remplit les critères de sortie, sans prolonger le séjour pour raisons sociales ou organisationnelles (domicile considéré comme trop éloigné, chirurgie nécessitant une consultation le lendemain, patient en précarité…). L’admission en hospitalisation à J0, en chirurgie ambulatoire ou dans le cadre d’un programme RAC, peut-être aussi problématique pour des patients dont le domicile est éloigné de l’hôpital. En conséquence, l’HTNM a vocation à s’inscrire durablement dans les parcours de soins hospitaliers chirurgicaux notamment avant et après hospitalisation courte.
Ainsi, commence à se dessiner ce que sera l’hôpital de la prochaine décennie : une plateforme avec des plateaux techniques aux effectifs et moyens matériels augmentés et toujours plus performants, en lien, selon la justification et la pertinence des besoins, avec des hébergements de patients soit médicalisés, soit non médicalisés. Ainsi commence à se dissocier l’activité de soin et de celle de l’hébergement pour des patients éligibles.
Alexandre THEISSEN, Jean-Pierre BETHOUX, Karem SLIM.
References
[1] Chesterton L, Stephens M, Clark A, Ahmed A. A systematic literature review of the patient hotel model. Disabil Rehabil. 2021;43:317-323.
[2] Theissen A, Slim K, Bethoux JP. Patient hotels and the French health system: A new paradigm. Anaesth Crit Care Pain Med. 2021;40:100845.
[3] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_parlement_hotels_hospitaliers.pdf (accès 29/09/21).
[4] HAS. Rapport d’orientation – Critères d’éligibilité des patients à un hébergement à proximité d’un établissement de santé (has-sante.fr). Novembre 2015. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2015-12/rapport_dorientation_-_criteres_deligibilite_des_patients_a_un_hebergement_a_proximite_dun_etablissem ent_de_sante.pdf (accès 29/09/21).
[5] article 59 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000042665354 (accès le 29/09/21).
[6] décret n° 2021-1114 du 25 Aout 2021 relatif à la mise en œuvre de la prestation d’hébergement temporaire non médicalisé https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043970781 (accès le 29/09/21).
[7] https://ressources.anap.fr/gestion-des-lits/publication/2830 (accès le 29/09/21).
[8] Theissen A, Pujol N, Raspado O, Slim K. Hospital hotels: One more step towards short stay and ambulatory surgery. Presse Med. 2019;48:219-222.