Perry NJS et al. doi: 10.1001/jamasurg.2018.4619
La chirurgie et la douleur post-opératoire entrainent une réaction de stress et inflammation qui affectent le système immunitaire et dont les conséquences peuvent perdurer bien après l’acte chirurgical. Agissant sur ces facteurs, le protocole anesthésique pourrait avoir un effet sur le risque métastatique et le pronostic à long terme.
Des preuves expérimentales
Depuis 30 ans, des études ont montré que les agents anesthésiques, les opioïdes, les transfusions sanguines et d’autres interventions périopératoires auraient des effets sur l’immunité anti-tumorale de l’hôte et secondairement la croissance des cellules cancéreuses.
Les agents anesthésiques inhalés (utilisés majoritairement pour le maintien d’une anesthésie générale), amélioreraient l’angiogenèse, la migration et la prolifération ainsi que la chimiorésistance de différents types de cellules cancéreuses tout en altérant également l’immunité cellulaire du patient.
En revanche, le propofol, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes, aurait des effets anti-tumoraux inhibant l’invasion des cellules cancéreuses et la migration métastatique.
Des études cliniques récentes
Plusieurs études rétrospectives récentes (avec certes quelques biais) ont rapporté que l’entretien de l’anesthésie par des gaz halogénés (par rapport à l’entretien au propofol) serait associé à une réduction de la survie à long terme ou de la survie sans récidive métastatique de patients opérés d’un cancer.
A côté des effets potentiellement délétères de agents anesthésiques volatils, d’autres médicaments utilisés en anesthésie comme les béta-bloquants, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les antithrombotiques (héparine de bas poids moléculaire) auraient eux des effets inhibiteurs bénéfiques sur la croissance tumorale et la dissémination métastasique, actuellement en cours d’évaluation expérimentale par des essais cliniques.
Les anesthésiques locaux en particulier la lidocaïne inhiberaient la prolifération des cellules cancéreuses par de multiples mécanismes. La lidocaïne en infusion intraveineuse, grâce à ces propriétés antimétastatiques pourrait s’avérer un co-anesthésique prometteur en cas de chirurgie oncologique.
Le futur proche
Ces données scientifiques récentes doivent guider en urgence de futurs essais cliniques prospectifs randomisés évaluant l’effet des protocoles d’anesthésie sur les résultats oncologiques à long terme, ce qui pourrait potentiellement améliorer rapidement et à moindre coût les résultats oncologiques dans le monde.